Entre notre décision de partir et notre départ, il s’est écoulé 11 mois. Je ne parle pas du début, de l’ébauche, de l’envie qui datent de de la naissance de notre fille. Je parle du séjour préliminaire pour confirmer la faisabilité du projet et puis le grand départ pour venir le réaliser. 11 mois… C’est peu. Durant ces 11 mois, j’ai beaucoup pensé, et peu dormi. Je me suis posée environ 11347 questions. J’ai réalisé que mes questionnements n’étaient pas forcément ceux de mon mari, que même si on partait ensemble, on ne vivait pas les choses de même façon. Que même à deux, on est cependant quand même seul . J’ai compris que je n’aurais pas de réponses à toutes mes questions et j’ai dû l’accepter. Je suis plutôt une nana qui aime savoir où elle va, dans quoi elle met les pieds. Or là, je devais accepter que j’aurais mes réponses seulement au fur et à mesure de l’avancée du projet, selon ce à quoi nous serions confrontés, et qui ne seraient pas forcément ce que j’avais pu imaginer durant mes insomnies. Ce fut la partie la plus inquiétante pour moi.
Quand on part de ce qu’on considère être chez soi, on a très peur de tout ce qui pourrait nous manquer, de tout ce qu’on pourrait perdre. C’est la fameuse zone de confort. Même ce qui ne nous convient pas fait partie de notre zone de confort, c’est notre norme, notre quotidien. Et on se retrouve subitement dans une zone inconnue. Mon angoisse était de ne jamais trouver confortable ma nouvelle vie, de regretter d’être partie . Presque 3 ans plus tard, je souris en y repensant, et je me réjouis d’avoir osé malgré la peur que tout cela suscitait.
Ce que j’en retire, c’est qu’au final, on peut être bien partout. Je pourrais repartir demain ailleurs , j’ai, désormais, la certitude que je pourrais vivre n’importe où et m’y plaire. Ce premier départ fut le plus douloureux et compliqué parce que nous devions affronter plusieurs choses en même temps: changement de pays, changement de boulot, nouveau métier en fait , lancer une entreprise, éloignement avec nos proches, se défaire d’une grande partie de nos biens afin que l’essentiel tienne dans nos valises… et j’ignorais comment ça allait se passer ici, si ça irait. Alors soyons honnête, ce fut douloureux et compliqué surtout sur le plan humain.
Il y a des personnes qu’on a perdu ( et les torts sont partagés, un peu comme en couple, on a changé et on s’est éloigné, on avait des attentes et elles ont été déçues, on a pas sû en parler, on a dû paraître très différent alors que nous ne réalisions pas encore nous même les changements), d’autres dont nous nous sommes rapprochés malgré les kilomètres ( parce que peut-être ceux là nous percevaient déjà comme nous étions avant, qu’ils nous ont vu nous épanouir et s’en sont réjouit pour nous). D’autres qu’on a découvert, simples copains devenus des amis par leur soutien étonnant ( petits mails par ci par là, avec un intérêt sincère pour ce que nous vivions, les étapes que nous traversions etc) .
On a aussi dû se refaire des amis et quand on a plus 15 ans c’est un peu plus compliqué, mais pas impossible. ( Ça me rappelle cet article sur les amitiés quand on est expat qui expliquait que c’est un peu comme un rendez-vous galant, on voudrait demander le numéro de téléphone, proposer déjà un autre plan mais on ne sait pas trop si ça se fait ou pour qui on va passer ) .
Presque 3 ans plus tard, aucun regret. Si c’était à refaire, je recommencerai à l’identique. Ce qu’on a traversé, nous a fait réaliser que même si ce fut très compliqué, ça en valait la peine. Aujourd’hui je pourrais partir n’importe où ( enfin presque : l’Alaska ou la Chine tu m’oublies), je sais que les amitiés solides ne flancheront pas, que de nouvelles et belles amitiés naîtront où que je sois , qu’on peut changer de voie, de métier, et qu’après quelques mois on se sent vite bien chez soi si on évite les comparaisons. Un peu comme en amour, un nouveau pays c’est un nouveau compagnon, si on évite de le comparer à son ex, tout ira bien !
Si l’envie de partir ou de changer vous taraude, je vous conseillerais de la suivre. Si ça ne devait pas bien se passer , votre zone de confort de départ sera toujours là, vous pourrez y revenir. Mais de ce que j’ai vécu et de ce que je vois, rares sont ceux qui y reviennent. Le sentiment de liberté et de détachement que l’on découvre en est peut-être la raison.
( Petite précision la zone de confort ce n’est pas forcément un pays à quitter, c’est parfois un job ennuyeux ou dans lequel on ne s’épanouit plus vraiment, qu’on commence à trouver frustrant. On a tous plusieurs zone de confort et on est pas tous obligé de tout quitter et aller vivre son aventure ailleurs, pour d’autres c’est de se lancer à son compte, devenir coach sportif, faire un tour du monde en camping-car, reprendre des études pour enfin faire ce qu’on aurait pas osé à 18 ans, ou s’acheter une ferme à la campagne , en faire un gîte et y élever des chèvres).
Je découvre ton blog! Il est super inspirant, et je sens que cet article va me tarauder quelques temps…😊 Bravo en tout cas!
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Oh merci beaucoup ! C’est un sujet que je risque de développer pas mal sur différents aspects : professionnel mais aussi familial et social.
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Cela me donne envie de sortir de ma zone de confort 🤗
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🙂
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