Journal d’un retour : le plan

Lorsque nous avons pris l’avion le 16 février pour rentrer à Bruxelles après ces trois semaines à Kigali, nous avions une seule certitude : celle qu’on devait revenir. Le projet de restaurant avait germé durant le séjour. Maintenant comment allions-nous passer du rêve, au plan puis à la réalité ?
Ni John ni moi n’étions entrepreneurs, personne dans nos familles ne l’était non plus , ni lui ni moi ne travaillions dans la restauration (enfin on l’avait fait en job étudiant mais de là à ouvrir son propre restaurant). Nous n’avions aucune idée sur comment commencer et même Google ne m’aidait pas beaucoup . Nous avons rapidement décidé d’en parler à nos amis. J’entends souvent dire qu’il faut taire ses projets, ne pas en parler tant que ce n’est pas concret. Il y a derrière tout ça un mélange de superstition et de peur.

Journal d’un retour : la découverte de Kigali

Le 25 janvier 2014. Cette date je l’ai tellement attendue. C’était le premier vol long courrier d’Adèle et nous allions enfin au Rwanda . Quand l’avion s’est posé sur la piste à Kigali, j’ai été bouleversée. Il avait plu avant l’atterrissage, et quand les hôtesses ont ouvert, l’odeur de la pluie m’a littéralement percutée et j’ai pleuré. Mon mari ne comprenait pas ma réaction mais cette odeur, celle de la laterite après la pluie c’était une odeur qui m’avait tellement manquée et qu’on ne peut sentir que par ici . C’était tout une vague de souvenirs d’enfance qui débarquait. Et avec elle, beaucoup d’espoir aussi.

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Le Jour J

Il est 17h le 19 mars 2015.

Un électricien est toujours occupé à brancher le générateur, deux gars sont sensé terminer la barrière qui longe la cuisine jusqu’aux toilettes des clients, ce n’est pas gagné. J’ai récupéré les menus, le contenu est minimaliste : 4 entrées, 4 plats, 3 desserts. La salle est vide, murs blancs et juste nos tables et chaises, des vases avec des fleurs. On a une capacité de 20 couverts, et j’ai 22 réservations.
John est dans la cuisine, avec Anderson et Étienne, Cedric lui est à la plonge. Anderson et Étienne sont en charge de pas grand chose et sont déjà perdus, il faut dire qu’on l’est nous aussi. John fait tout dans cette cuisine, essayant d’anticiper tout ce qu’il peut mais notre mise en place de l’époque n’est pas efficace. En salle, j’ai Fred (heureusement) et Trésor qui très stratégiquement a installé une chaise près de la porte de la cuisine. Apparemment c’est son poste de travail, il est d’une timidité maladive et ne communiquera pas avec les clients de toute la soirée.

John et moi ne nous parlons pas beaucoup, je crois qu’on est aussi effrayé l’un que l’autre et qu’on a trop peur de ce qu’on pourrait verbaliser, puis aucun de nous n’a de temps à consacrer à l’autre . Il est 19h, la barrière est miraculeusement terminée, le générateur fonctionne.

 

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